dimanche 1 janvier 2023

Décembre 2022

 

 

 

 

 

 

VERS LES CARAÏBES

 

 

 

 

 

Jeudi 1er

Neuf heures. – Journée Desgranges. Pour le moment, à un peu plus d'une heure de mon départ, ni soleil, ni pluie : temps idéal pour la route, donc.


Samedi 3

Dix heures. – Ce n'est pas la première fois, Dieu sait, que je prévois la mort prochaine de ce journal, faute d'une alimentation régulière ; mais, là, je crois bien qu'on en est arrivé au stade de l'unité de soins palliatifs – soins que, en outre, je ne ressens nul besoin de lui donner.

– Terminé à l'instant la relecture complète de ce journal, d'août 2009 à décembre 2021 : impression mitigée. Il m'est arrivé parfois d'être plus ou moins séduit par ce que je lisais – et que j'avais bien entendu oublié –, mais beaucoup plus souvent d'en être ennuyé, quand ce n'était pas accablé. 

 

Dimanche 4

Dix heures. – J'ai tout de même oublié de noter une chose ici : jeudi dernier, en rentrant de chez les Desgranges, la tentation d'un verre d'alcool était si faible que je lui ai résisté sans le moindre problème. Parler d'une “résistance” est déjà fort exagéré, d'ailleurs, tant l'envie fut ténue : c'était plutôt de l'ordre du réflexe conditionné vu que, depuis presque dix ans que nous avons renoué, Michel et moi, et que je vais très régulièrement les voir, Agnès et lui, c'est la première fois qu'une telle abstinence se produit.

– J'apprends que notre syndic de faillite – parfois également appelé “Macron” – a appelé les Français, à propos des coupures d'électricité que l'on nous fait miroiter avec une certaine gourmandise, à “ne pas céder à la panique” ; ce qui, tout le monde le sait depuis longtemps, est encore le plus sûr et rapide moyen de la provoquer.

– “Une œuvre raciste et sexiste dont l'auteur était un collabo” : de quoi et de qui s'agit-il ? De Tintin et Hergé vus par Guillaume Cingal. Ce qui est reposant, avec les cons, c'est qu'ils semblent avoir à cœur d'être toujours rigoureusement égaux à eux-mêmes.

Sinon, puisque j'en suis au chapitre touitteresque, j'ai bien hâte que le téléthon se termine afin que miss Jauneau puisse revenir aux femmes violées et aux malfaisances libidinales de Depardieu, Poivre d'Arvor et alii : c'est tout de même plus relevé, comme ambiance, moins gnangnan.

Deux heures. – Hier ou avant-hier, à l'instigation de Catherine, j'ai commandé pour sa sœur un livre d'occasion chez Rakuten ; j'ai donc, avant de valider la dite commande, changé mon adresse de livraison par celle de Nathalie, dans le Jura. Ce matin, c'est pour moi que j'ai commandé un autre livre (Scoop d'Evelyn Waugh, sur les conseils récents de Michel Desgranges). Que pense-t-on qu'il advint ? Naturellement, j'ai oublié de rétablir ma propre adresse, si bien que, malgré la “rétractation” faite aussitôt, il y a gros à parier que, d'ici un jour ou deux, ce pauvre Waugh sera envoyé en exil vers la lointaine Franche-Comté, où nul ne l'attend, au lieu de venir s'installer douillettement dans la riante Normandie où sa place est déjà prête. Ça m'apprendra (peut-être) à devenir un peu moins con ; ou en tout cas un peu plus réfléchi.

Six heures. – Fayard et les Belles Lettres se sont finalement décidés à publier le journal de Maurice Garçon pour les années précédant celles de la Seconde Guerre : je viens de le commander… après avoir remis la bonne adresse de livraison ! Idiot, mais pas récidiviste…


Lundi 5

Dix heures. – Ce matin, première neige. Entre neuf heures cinq et neuf heures un quart. Inutile, je pense, de préciser qu'il n'en demeure aucune trace.

– Terminé mon mini-cycle Machado de Assis et suis aussitôt passé à Evelyn Waugh : Retour à Brideshead. J'avais oublié que ce roman avait été traduit par Georges Belmont, l'auteur des mémoires de Céleste Albaret.

Six heures. – Et pendant que chacun vaque à ses petites occupations, Élie Arié continue à parler tout seul sur le blog-mère…


Jeudi 8

Dix heures. – Je suis bien obligé de constater que, depuis déjà quelque temps, je ne lis quasiment plus rien sur les blogs. Par un reste d'habitude idiote, je continue de “cliquer” sur eux… mais je ne lis rien, ou alors selon une diagonale extrêmement pentue. Comme si me suffisait le fait de constater qu'ils sont toujours là.

Conjointement – mais est-ce lié ? –, je m'aperçois que j'écris également de moins en moins, sur le blog-mère depuis longtemps, mais désormais également ici.

Je n'en tire aucune conclusion intéressante.

– Une bonne nouvelle, tout de même : le téléthon semblant terminé, les petits enfants en fauteuil roulant ont déserté le compte touitteresque d'Élodie J. et les violeurs ont repris toute la place. Quand je dis “les violeurs”, il s'agit bien sûr d'hommes qui sont accusés de viol, voire de simples “tentatives”, et non de condamnés par la justice. Mais on sait bien que, pour nos vertueuses féministes, une simple accusation vaut, ou devrait valoir, une mise au pilori instantanée, totale et définitive. C'est vrai, quoi : pourquoi perdre du temps et de l'argent dans des enquêtes et des procès, alors que la vérité sort toute pure et entière de la bouche des plaignantes ? 

Midi. – La factrice a déposé dans notre boîte le Journal (1912 – 1939) de Maurice Garçon. Comme je venais tout juste d'en terminer avec le Retour à Brideshead d'Evelyn Waugh, je m'y suis plongé illico.

– 1993 : cancer de la peau ;

   2003 : alerte cardiaque, pose de stents ;

   2013 : cancer et ablation du rein.

Je ne peux pas dire que je sois transporté de joie à l'idée de voir se profiler l'année 2023.


Vendredi 9

Dix heures. – Pour prolonger un peu le “bulletin de santé” d'hier, j'ai rendez-vous cet après-midi, à Évreux, avec le gastro-entérologue qui m'a sondé les intérieurs il y a environ un an. Cette visite en soi n'est rien mais, si j'ai bien compris, il va s'agir de prendre un rendez-vous pour une nouvelle… (et voilà que je ne sais plus comment ça s'appelle !), bref : une exploration de mon estomac. Cela dit, avant que je le prenne, ce rendez-vous, il va falloir qu'il m'explique le bien-fondé de son investigation, dans la mesure où, il y a un an, il m'avait déclaré, avant de me rendre à la vie civile, que tout allait bien. Il a donc intérêt à être convaincant…

– Vision intéressante de la guerre de 14 que celle donnée dans son journal de ces années-là par Maurice Garçon qui, réformé, fait donc partie de ce qu'on a appelé les “gens de l'arrière”. Voici par exemple ce qu'il écrit dès janvier 1916 :

« La guerre est devenue en quelques mois un état normal, si l'on peut dire, et les émotions légitimes du début ont disparu. Il est à peu près accepté par tout le monde que le front des armées est définitif de Dunkerque à Belfort. […] Nous sommes encore dans l'inconnu mais un inconnu qui est devenu habituel. Lorsqu'on écrira l'histoire de ce temps, qui tiendra une place immense, on racontera les formidables chocs des peuples et personne ne songera qu'à l'arrière chacun a vécu sa petite vie banale sans grande souffrance, et l'on ne connaîtra pas les véritables pensées de ceux qui auront vécu la plus grande tourmente d'années meurtrières. »

Il se trompe cependant dans la seconde partie de sa dernière phrase : grâce aux grands témoignages de combattants, Genevoix, Pézard, Barthas et beaucoup d'autres, nous sommes parfaitement renseignés sur les conditions de vie des combattants français et sur leurs pensées les plus variées.

En outre, pour ce qui concerne la “petite vie banale et sans grande souffrance” de ceux qui continuent à vivre loin des zones de combats, il semble que Garçon ne prenne pas en compte toutes les morts dont les familles recevaient régulièrement la nouvelle jusque dans les villages les plus reculés et, en apparence, paisibles.

Néanmoins, sa vision, celle d'un pays qui, passé le premier choc, se remet à vivre “comme si de rien n'était”, cette vision sonne juste.

– Sur le blog de l'un de mes deux niais favoris (tous deux blogrollés chez Nicolas…), on s'enthousiasme pour les livres d'une certaine Sally Rooney, jeune pétasse irlandaise qui refuse que ses harlequinades à la sauce moderneuse soient édités en Israël “par solidarité avec le peuple palestinien”. En commentaire, un certain Pierrot, à qui il arrive de commenter chez moi, dit qu'il a essayé et jeté le livre après en avoir lu un tiers. Il ajoute qu'il préfère retourner vers les classiques et cite Rabelais. Là-dessus, le niais délivre ce commentaire hautement savoureux : « Il faudra qu'on jour je m'intéresse à Rabelais… » À mon avis, ce n'est pas la peine.

– Pendant ce temps, Nicolas s'est remis à tartiner sur le retour de la revanche du covid, pour vouer aux gémonies tous ceux qui ne marchent pas assez droit à son goût et qui osent ne pas courber l'échine suffisamment bas devant les injonctions gouvernementales. Je trouve ça un peu déprimant. Mais, évidemment, ça participe de la grande frousse généralisée qui semble nous avoir saisis pour ne plus nous lâcher. Nicolas (évidemment il n'est pas le seul) a peur d'un microbe, d'autres redoutent le froid, d'autres encore tremblent de devoir s'éclairer à la bougie une heure par jour, certains sont saisis de frayeur face à la montée de l'extrême droite, pendant que leur sœurs voient des violeurs partout et que leurs cousins poussent des piaillements de volaille poursuivie à l'idée que la biodiversité est en danger, etc. Tout cela sur fond de réchauffement climatique et de guerre en Ukraine.

On hésite entre la pitié et l'éclat de rire.


Samedi 10

Six heures. – Une anecdote vécue puis racontée dans son journal par Maurice Garçon. En 1915, avec son ami le compositeur de chansons et d'opérettes Vincent Scotto, il vient d'assister à la revue du 14 juillet – célébrée cette année-là en une d'autant plus grande pompe qu'il faut tenter de faire oublier au bon peuple le récent échec de l'offensive de la Somme…

Remontant le boulevard Montparnasse, les deux hommes avisent soudain des voitures rangées en file et pleines des soldats nègres (le mot est de Garçon, je n'y suis pour rien, monsieur le juge !) qui viennent de défiler. Certains tirent de fifres une mélodie qui fait dresser l'oreille de Scotto : « Voilà des airs exotiques que je vais noter », dit-il en sortant un carnet de sa poche, tout en continuant à marcher. Quelques mètres plus loin, il s'arrête brusquement et éclate de rire.

Écrivant les notes que percevait son ouïe, il venait de s'apercevoir que l'air joué par ces noirs était en réalité une ritournelle signée… Vincent Scotto.

– Phrase piquée au vol chez mon blogoniais de compétition, prise dans un billet consacré à ses si gentils voisins et à une méchante voisine raciste (bouh ! la vilaine !) : «  Ils se frottent avec plus ou moins de volonté ou de talent à ces choses qu'on nomme empathie ou générosité. »

Comment procède-ton pour parvenir à se frotter à une empathie ou à une générosité ? La question me taraude depuis dix minutes au moins… tandis que je tente de me désempoisser la cervelle de toute la gluante guimauve que ma lecture y a laissée.


Dimanche 11

Onze heures. – Le temps qui accélère avec l'âge de ceux qui le subissent. Il y a quelques jours, me voyant lire le deuxième tome du journal de Maurice Garçon, Catherine me demande quand était paru le premier. « Il y a trois ans ! », lui réponds-je (mitée…), sûr de moi. Puis, tout de même, pris d'un scrupule, j'ajoute : « Mais les années filent si vite… c'est peut-être bien quatre… » Vérification faite tout à l'heure, ce premier tome est paru en mai 2015 : sept ans et demi donc. Si on est pessimiste, on s'imagine avoir déjà trois ou quatre orteils dans sa tombe. En réalité, on y est déjà engagé jusqu'aux deux genoux. Au moins.


Lundi 12

Onze heures. – Deux titres d'Atlantico, le premier d'hier, le second de ce jour, qu'il serait sans doute particulièrement nauséabond de prétendre rapprocher l'un de l'autre. Je le fais pourtant, n'étant pas plus que cela dérangé par les relents méphitiques se dégageant de ma personne :

1) Selon une étude de Cambridge, moins de la moitié des étudiants se déclarent désormais hétérosexuels.

2) Le nombre des adolescents atteints de troubles mentaux ou qui se suicident explose.

Ce sera tout pour ce matin.


Mardi 13

Deux heures. – Depuis deux ou trois jours, je me sens à un demi-doigt d'emboiter le pas à Jacques Étienne, c'est-à-dire de fermer les commentaires du blog-mère. Je sens qu'il suffirait d'un, juste un peu plus stupide que la moyenne actuelle, pour me faire basculer.

– Repris ce matin Un monde vacillant, roman de la New-Yorkaise juive d'origine russe Cynthia Ozick. Dont j'ai été bien aise d'apprendre par Wiki que, née dans le Bronx en 1928, elle était toujours vivante. Son roman étant aussi bon que dans le souvenir – pitoyablement fragmentaire – que j'en gardais, je compte relire aussi l'autre livre que je possède d'elle : Les Corps étrangers.

Six heures. – Hier après-midi, parce que le chien de quelque connard de voisin aboyait sans discontinuer, Catherine a suggéré que je pourrais peut-être couvrir ses aboiements avec un disque de jazz cool. C'est ainsi que nous avons passé entre deux et trois heures en compagnie de Ben Webster, puis de Lester Young et enfin d'Oscar Peterson en quartet. 

Aujourd'hui le chien n'aboyait pas mais cela ne nous a pas empêché de renouer avec cette toute jeune tradition. Au programme de ce jour : Stan Getz avec Joao et Astrud Gilberto, puis Coltrane (les ballades), puis Ellington avec Johnny Hodges (Back to back). Avant de quitter le salon pour la Case, j'ai laissé Catherine en l'excellente compagnie de Vinicius de Moraes et de Maria Creuza.

– L'information qui laisse pantois, tellement on s'en flagelle les gonades : « Jin, star des BTS, débute son service militaire dans un camp d'entraînement sud-coréen. » Ignorant tout à fait qui peut être ce Jin, ne sachant pas non plus ce que sont les BTS, et n'ayant de surcroît pas fait de service militaire ni visité de camps d'entraînement sud-coréens, la seule chose que je trouve à dire est qu'il est impossible de débuter son service, le verbe en question étant tristement intransitif. À moins qu'il s'agisse d'un mot non binaire ayant récemment déclaré qu'il se sentait transitif “dans sa tête”. 

Je vais tâcher de m'informer à son sujet.


Mercredi 14

Dix heures. – Il a neigé cette nuit, mais pas trop méchamment. Naturellement, c'est tombé le jour où il me fallait absolument (plus de pain) descendre à Pacy avec la voiture. Mais enfin, aucun dérapage incontrôlé n'a été à déplorer.

– La vague envie persiste, de fermer les commentaires du blog-mère…

Six heures. – Notre après-midi musical a été tout entier consacré au luth arabe (oud) : d'abord l'Algérien Alla, puis l'Irakien Mounir Bachir. On est vachement multicul, au Plessis-Hébert, faudrait pas croire !


Jeudi 15

Midi. – Aujourd'hui, Isabelle aurait dû avoir 58 ans. Pensant que cette journée serait peut-être un peu difficile à passer pour elle, j'ai appelé ma mère il y a une heure. Elle avait l'air au mieux de ce qu'elle peut espérer conserver de forme et d'allant… et n'a fait absolument aucune allusion à sa fille, même quand, pour l'y inciter (je ne voulais pas “lancer le sujet” moi-même), je lui ai demandé des nouvelles d'Olivier : elle m'en a donné le plus naturellement du monde, mais sans que le nom d'Isabelle ne lui vienne aux lèvres. Après tout, c'est peut-être aussi bien ainsi.

Trois heures. – Depuis quelques soirs, les DVD que nous visionnons montraient une fâcheuse tendance à se bloquer inopinément, ce qui est toujours très agaçant. Comme il s'agissait de séries que nous avons déjà regardées sans le moindre problème, la conclusion a semblé s'imposer d'elle-même : il fallait changer d'appareil ; ce que nous fîmes il y a une demi-heure.

– Avant-hier, retour d'Évreux, nous avons vu une voiture des pompiers  arrêtée devant chez Mme Gayet, notre très vieille voisine de “presque en face” (elle doit avoir au moins 95 ans). Tout à l'heure, demandant de ses nouvelles à notre voisin “d'en face”, nous avons appris par lui qu'elle était morte à l'hôpital. Cette dame avait dit plusieurs fois à Catherine qu'elle refusait absolument d'aller en maison de retraite : c'est une chose qu'elle aura donc su éviter jusqu'au bout.


Samedi 17

Dix heures. – Découverte, à l'instant, d'une chose absolument merveilleuse, qui me fait osciller de l'incrédulité à l'hilarité – et retour. En plus de cette invention déjà ancienne – et néanmoins absurde – qui s'appelle le “Goncourt des lycéens”, voici qu'existe désormais un “Goncourt des détenus”. Celui de cette année, nous apprend l'Académie du même nom, a été attribué par cinq cents taulards votant dans 31 centres pénitentiaires.

C'est évidemment une excellente initiative, mais je la trouve tout de même un peu trop “attrape-tout”, un peu trop globale. Et je le verrais bien, ce Goncourt des détenus, se ramifier presque à l'infini : Goncourt des assassins par égorgement, Goncourt des violeurs, Goncourt des pilotes de camions fous, Goncourt des voleurs de sacs à l'arraché, Goncourt des flambeurs de voitures, etc. Si l'on diversifie suffisamment, on devrait vite arriver à ce que chaque roman publié en septembre obtienne son petit Goncourt en décembre. Ce qui serait, n'en doutons pas, un grand facteur d'apaisement au sein de la gent livresque.

(Paragraphes finalement transformés en billet pour le blog-mère…)

Deux heures. – Apparemment, le roman sus-évoqué n'est que le ènième clone de ce genre d'écrits dont il paraît quatre ou cinq exemplaires chaque mois, presque tous écrits par des femmes et que l'on pourrait regrouper sous le titre : Ouin ! pourquoi papa était-il si méchant ? Celui de Mme Jollien-Fardel, Suissesse de souche, atteint à grand-peine les deux cents pages, comme il est d'usage pour ce type de “cri bouleversant” (langage journaloïde).

Mais quel petit démon pervers a bien pu pousser nos amis taulards à aller choisir un pensum pareil ? Ils ne s'emmerdent pas assez comme ça, dans les cellules ? Du reste, il faudrait examiner de plus près les cinq cents jurés en question : peut-être n'y a-t-il parmi eux que des taulardes…

Six heures. – Fini il y a moins d'une heure mon mini-cycle (deux romans seulement…) Cynthia Ozick. J'ai ressorti de mon « armoire à Sud-Am' » le gros volume contenant quatre romans d'Alejo Carpentier. Je sais bien que ce n'est guère raisonnable de repiquer au Cubano-Breton alors que je l'ai relu abondamment il y a moins de trois ans – ce journal en atteste –, mais pourquoi, à mon âge, devrais-je obligatoirement être raisonnable ?


Lundi 19

Six heures. – J'avais plus ou moins oublié – ce qui ne devrait surprendre personne – à quel point de nombreuses pages du Partage des eaux d'Alejo Carpentier se rapprochent de certains délires oniriques de Lovecraft – notamment ceux de Randolph Carter, si je me souviens bien. À ceci près que, dans le cas de Carpentier, il ne s'agit nullement de rêve (encore que… en est-on bien sûr ?) mais d'une plongée bien réelle au cœur des jungles, des marais, des fleuves et des montagnes d'Amérique du Sud.


Mardi 20

Dix heures. – J'aimerais tout de même bien savoir à la suite de quel raisonnement le roman de Carpentier qui s'appelle Los pasos perdidos est devenu en français Le Partage des eaux. Je le souhaiterais d'autant plus que, très vraisemblablement, vu sa connaissance parfaite de notre langue, on peut supposer que cette “adaptation” a été faite avec le plein accord de l'auteur ; peut-être même sur sa suggestion.

Six heures. – À ceux, et j'en suis, qui pensent que les gens de justice sont, dans leur ensemble, d'assez répugnants personnages, le journal de Maurice Garçon fournit une très appréciable confirmation. Pour les autres, il constituera une excellente voie pour découvrir la profonde crapulerie morale de la plupart des magistrats – spécialement le second volume (mais paru en premier), celui qui concerne les douces années 1939 – 1945, durant lesquelles les hommes de robe se sont vautrés à plaisir dans toutes les boues successives : collaboration d'abord, épuration ensuite.


Mercredi 21

Six heures. – J'apprends in extremis qu'aujourd'hui était “la journée mondiale de l'orgasme”. Je note tout d'abord qu'une journée mondiale de l'orgasme, c'est vraiment un coup à faire péter son score au réchauffement climatique, ce qui n'est pas bien malin : une journée mondiale de la frigidité m'aurait paru plus indiquée. D'autre part, depuis que j'ai appris cette mirobolante nouvelle, j'essaie d'imaginer la tête qu'aurait fait nos grands-parents, et même d'ailleurs nos parents, si on leur avait annoncé que dans un temps assez rapproché on allait instituer officiellement une journée de l'orgasme… et que personne n'oserait en rire.

– D'autre part, un certain Fabien Gay, le directeur de L'Humanité qui semble avoir à cœur de prouver par l'exemple que la graisse excédentaire est compatible avec le communisme, Fabien Gay, donc, déclare ceci sur touiteure : « La grève n’est ni un plaisir, ni une prise d’otage. C’est un droit constitutionnel. » Quelqu'un pourrait-il expliquer à notre pondéralement surchargé qu'il n'y a a priori aucune incompatibilité entre le plaisir et le droit, fût-il constitutionnel ? Et qu'il n'y en a pas forcément entre le plaisir et la prise d'otage : qui a dit que les auteurs de kidnappings ne jouissaient pas de leurs actes ? Particulièrement aujourd'hui, journée orgasmique institutionnelle.


Jeudi 22

Onze heures. – L'affaire tourne à l'épopée burlesque. Il y a environ trois semaines, j'ai commandé chez Rakuten le roman de Waugh qui s'intitule Scoop. À peine accompli le “clic” fatal, je me suis avisé que j'avais omis de rétablir ma propre adresse et que, donc, le livre allait être expédié en Franche-Comté, chez la sœur de Catherine, Nathalie. J'ai aussitôt alerté les services compétents, lesquels m'ont assuré, deux jours plus tard, qu'ils allaient faire le nécessaire, qu'on allait voir ce qu'on allait voir.

Ce qu'on a vu, c'est un message du vendeur me disant qu'il était désolé, mais que le livre était déjà en route pour le Jura. Et, presque aussitôt, un autre message de Rakuten, m'informant qu'il procédait au remboursement de mon achat. Il y avait manifestement une mésentente entre les deux…

Le remboursement ayant été effectivement fait, je me suis empressé, le 9 décembre, de recommander Scoop, toujours en passant par Rakuten mais à un autre vendeur. Là-dessus, SMS de Nathalie à Catherine pour lui dire que le Scoop 1 venait d'arriver chez elle. En ayant un peu assez de tout ce mic-mac, je me résignai alors à posséder ce foutu roman en deux exemplaires, d'autant plus facilement que les deux étaient à très bas prix.

Mais, hier, le Scoop 2 n'étant toujours pas arrivé après deux semaines, j'ai décidé de l'annuler. Par retour de himmel, Rakuten m'a informé que la Poste avait dû perdre le Scoop 2 et qu'ils allaient procéder à son remboursement. Tout était  bien qui finissait bien, je n'avais plus qu'à attendre qu'Adrien, retour de Tokyo, passât chez sa mère et m'en rapportât le Scoop 1

Sauf que, voilà une petite demi-heure, le Scoop 2 a finalement atterri dans ma boite aux lettres. Ce qui m'a obligé à retourner dare-dare sur le site de Rakuten, afin d'y annuler mon annulation, si je puis dire. Nous en sommes là pour le moment. Je dispose donc d'un Scoop 1 pour lequel le vendeur n'a pas été payé, et dont je ferai cadeau à Adrien puisque le volume est déjà chez sa mère ; et d'un Scoop 2 qui doit m'être remboursé mais peut-être pas.

Après tout ça, je me demande si je vais trouver le courage de l'ouvrir et de le lire, ce roman fantomatique.

Midi. – Himmel de Rakuten : ma réclamation a bien été annulée et le vendeur sera dûment payé pour son Scoop 2. On reste pour l'instant sans nouvelle du vendeur de Scoop 1.

Trois heures. – Retour de diverses emplettes – Évreux d’abord, Pacy ensuite –, sous une pluie crypto-diluvienne. Il nous restait environ vingt minutes à tuer en attendant le départ de la femme de ménage, temps que je comptais mettre à profit pour faire une rapide promenade internétique. Assis devant cette machine idiote, je ne pus que constater que, de nouveau, toute liaison avec le monde immatériel m’était, nous était, refusée. Je suis donc repassé en mode “document Word”…


Vendredi 23

Onze heures. – Dame Ternette est sortie de sa léthargie depuis dix minutes, par la grâce du baiser magique à elle donné par un technicien racisé. Lequel nous a prévenu que, vu l'état du réseau (?), nous devions nous attendre à de prochaines nouvelles pannes.


Cinq heures. – Internet de nouveau en rideau. Le technicien de ce matin avait donc parfaitement raison. Il va falloir cette fois, comme il nous en a avertis, prendre un rendez-vous auprès d’Orange pour qu’ils nous envoient quelqu’un. (Comme se plaignait la brave dame auprès du service dépannage d'EDF : « S'il vous plaît, envoyez-moi un homme ! ça fait trois jours que je me sers d'une bougie…») Et, comme de juste, nous sommes vendredi soir, avant-veille de Noël de surcroît : on n’est pas près de voir Dame Ternette sortir de son coma…

 

Dimanche 25

Onze heures. – Notre sauveur orangé doit en principe passer ici mardi matin, afin de tenter de réveiller Dame Ternette. Nous sommes donc toujours “coupés du monde” : ni lui ni nous ne nous en portons plus mal.

 

– Pas de réveillon hier soir : repas des plus courants, pas la moindre goutte alcoolique, et soirée télé as usual.

 

– Au début des années quarante, dans le journal de Maurice Garçon, on croise à quelques reprises un député dont le nom est Guy La Chambre : c’est, pour une fois, l’organe qui crée la fonction.

 

– Pour autant que l’on puisse en juger à travers le prisme de la traduction (qui, du reste, semble très bonne), l’écriture d’Alejo Carpentier est d’une grande richesse, efflorescente, tropicale, en ceci qu’elle sollicite constamment les cinq sens du lecteur avec une efficacité rare : lorsque la pluie se met à tomber sur La Havane, sur Cayenne ou sur Paramaribo (on circule beaucoup, dans ces parages caribéens…), les pages du livre semblent elles-mêmes se gonfler d’humidité.

 

Six heures. – Privés d’internet, nous avons instauré une nouvelle coutume, qui consiste à regarder un film l’après-midi (coutume ne remontant donc qu’à hier : la peinture n’est même pas encore tout à fait sèche…) ; films que nous allons chercher dans notre réserve du sous-sol. Aujourd’hui, ce fut 3 Billboards.

 

3 Billboards est un film émouvant, dur et drôle : bizarre cocktail mais parfaitement réussi par Martin McDonagh, déjà auteur d’un savoureux Bons Baisers de Bruges, avec notamment Colin Farrell et cet acteur irlandais dont le nom m’échappe en ce moment (je rappelle que je n’ai pas internet, bon sang !). Ce film-ci est porté par un trio d’acteurs parfaits : le toujours remarquable Woody Harrelson, le toujours jubilatoire Sam Rockwell… et Frances McDormand, colonne centrale du dit trio.

 

Il n’est nullement étonnant que l’actrice se retrouve là, elle qui illumina littéralement le Fargo des frères Coen : 3 Billboards doit beaucoup aux deux frangins, plus précisément à leur art presque unique de dessiner des personnages englués dans une bêtise congénitale qui leur est à la fois un cocon et une prison, dans laquelle ils se lovent ou se débattent avec plus ou moins de conviction et d’atouts ; en tout cas, ils tentent de faire avec. Et l’émotion naît – une émotion non sollicitée, non frelatée, et donc singulièrement efficace – lorsque, soudain, parce qu’il s’est passé quelque chose, cette bêtise est soudain déchirée par un brusque et inattendu éclair. Le personnage qui est ainsi brutalement “éclairé” peut alors (c’est souvent) dérailler complètement, mais il peut aussi (parfois) s’acheminer vers une sorte de rédemption, s’élever de quelques centimètres au-dessus de lui-même. C’est ce qui se produit pour le personnage joué par Sam Rockwell, peut-être le plus intéressant des trois que j’évoquais il y a un instant.

 

Bref, voilà un film, et ils ne sont pas si nombreux finalement, qui doit fort bien supporter d’être revu trois, quatre, six fois, à intervalles plus ou moins longs, sans jamais en souffrir, et même en y gagnant un peu de patine à chaque fois. C’est d’ailleurs, aussi, le cas de Fargo.

 

Pour notre séance de demain, ce sera Robert Mitchum, Robert Mitchum ou… Robert Mitchum, Catherine ayant sélectionné La Rivière sans retour de Preminger, Les Nerfs à vif de je ne sais plus qui, ainsi que la très classique Nuit du chasseur de Charles Laughton.

 

Lundi 26

Six heures. – Rien de particulier à noter ici, après une journée passée quasi entièrement à lire Le Recours de la méthode d’Alejo Carpentier. Rien à dire, et c’est tant mieux : sous prétexte que Dame Ternette est toujours dans le plus épais coltar, je ne mets plus de chauffage dans la Case. Si bien que, au bout de deux paragraphes, le malheureux journalier commence à se taper des onglées béréziniennes, voire kolymesques.

Ce que je viens d’écrire, à propos de ma journée uniquement littéraire, me fait m’aviser que nous avons tout à fait négligé de regarder notre film de l’après-midi : voilà une coutume ancestrale qui aura fait long feu. J’ai bien peur que Bob Mitchum soit remonté du sous-sol pour rien, surtout si le señor Orange nous reconnecte au monde demain matin, ainsi qu'il est plus ou moins prévu.


Mardi 27

Une heure. – Dame Ternette vient de rouvrir les yeux. Jusqu'à sa prochaine crise d'hypersomnie.

Six heures.Le Recours de la méthode de Carpentier commence dans le Paris de la Belle Époque, juste avant le déclenchement de la Première Guerre et se conclut dans celui des Années folles. On y croise fugitivement, dans l'un puis dans l'autre, en un discret hommage, quelques personnages proustiens : Elstir, Vinteuil, Legrandin, Mme Verdurin… ainsi que Reynaldo Hahn qui, bien que n'étant pas à proprement parler un personnage proustien, l'est pourtant bougrement. Entre ce prologue et cette conclusion, nous aurons suivi en Amérique latine les tribulation cocasses et sanguinaires du Premier Magistrat – parfait dictateur à la mode le là-bas – d'un pays qui, pour être imaginaire, et même non nommé, semble ressembler beaucoup à la Colombie (le pays possède, nous dit Carpentier, une côte atlantique ET une côte pacifique, ce qui n'est le cas que de ce pays-là). Mais ce pourrait aussi bien être le Venezuela, où Carpentier a vécu plusieurs années, et que le coup des deux océans n'ait été indiqué que pour mieux égarer le lecteur.

Quoi qu'il en soit : roman décidément remarquable. Que je vais faire suivre de La Danse sacrale du même auteur, n'étant nullement rassasié de lui.


Mercredi 28

Onze heures. – Titre chez mes analphabètes de référence : « La crise des transports creuse les fractures territoriales. » D'abord, je leur signalerai qu'une fracture territoriale, cela s'appelle un rift : tous les géologues vous le confirmeront. Ensuite, je dirai qu'il est inutile de perdre son temps à creuser un rift : par nature, il l'est déjà.


Jeudi 29

Dix heures. – L'été, l'hiver… Les gens qui aiment l'été, ceux qui préfèrent l'hiver… On pourrait s'amuser à tirer de cela des indications plus ou moins morales. Car enfin, l'été est cette saison où les journées sont longues mais où elles raccourcissent ; cependant que l'hiver est celle où elles sont les plus courtes mais où elles rallongent. Par conséquent, les amoureux de l'hiver pourraient être vus comme des qui placent tout leur espoir dans un avenir promis, en des lendemains ensoleillés qui les consolent de l'actuelle noirceur ; tandis que les sectateurs de l'été ne voudraient rien savoir de ce qui va devenir leur lot, n'entendant pas qu'on les prive du plaisir de jouir de la saison actuelle : les hommes de l'avenir et les hommes du présent.

Et, l'écrivant, je me rends compte que ce que je dis commence par ne pas du tout s'appliquer à moi, qui me suis toujours soucié comme d'une cerise de l'avenir, et qui, pourtant, préfère nettement l'hiver à l'été.

– Et, en plus de ça, Linda de Suza est morte (tout près d'ici, à Gisors). Qui va hériter la valise en carton ? On sent venir d'homériques batailles entre les ayant droit…

– Une fois de plus – et toujours sans trouver la réponse –, je me pose une taraudante question à propos du titre français donné au dernier roman d'Alejo Carpentier.  Il s'intitule en espagnol La Consagraciòn de la primavera, c'est-à-dire, pour nous, Le Sacre du printemps. La référence à l'œuvre de Stravinsky est d'ailleurs explicite puisque ses trois premières mesures sont reproduites en exergue du premier chapitre. Pourquoi, alors, chez Gallimard, avoir appelé le roman La Danse sacrale, qui est le nom de l'ultime partie de l'œuvre, plutôt que de lui laisser son nom général ? Serait-ce une histoire de droits à payer spécifiques à la France ? Ou d'une autorisation refusée par les légataires du musicien ? Mais alors, pourquoi l'auraient-ils accordée à l'éditeur espagnol ? Question corollaire : ce changement de titre a-t-il reçu l'accord de Carpentier, parfaitement francophone et vivant à Paris depuis 1966 ? Difficile à savoir, question de timing : paru dans sa langue originale en 1978, le roman est arrivé dans les librairies françaises en novembre 1980 ; or, à cette date, Alejo Carpentier était mort depuis six mois. Et comme on ne sait pas (moi, en tout cas…) quand a eu lieu le choix du titre…

Je pense qu'une grande enquête nationale va s'imposer : on ne peut pas nous laisser dans une aussi cruelle incertitude, bon sang !

– Pendant ce temps, sur touit'heure, Élodie J. nous vante les attraits de Sattouf…

Six heures. – Je viens d'aller un peu voir chez Dame Ternette, qui pouvait bien être ce Riad Sattouf qui plonge Mlle Jauneau dans l'extase depuis des années, semble-t-il, et m'a tout à l'heure fourni l'occasion d'un calembour pitoyable. C'est un auteur de petits Mickeys franco-syrien et qui paraît être le candidat idéal au rôle de l'Arabe-propre-sur-lui : il fait barrage à l'extrême droite en cas d'élection présidentielle, il refuse d'être nommé pour un prix à Angoulême à cause du manque de femmes parmi les candidats aux lauriers, etc. Je suppose qu'il doit être contre le réchauffement climatique et pour les énergies renouvelables. S'il n'est pas encore végétarien et préoccupé par la sixième extinction de masse, ça ne devrait plus tarder : ce serait dommage de saboter bêtement une si belle carrière.


Vendredi 30

Trois heures. – En tout cas, quel que soit le titre qu'on veuille lui donner, La Danse sacrale de Carpentier est vraiment un superbe livre. Encore plus que les autres romans du même écrivain, celui-ci provoque chez le lecteur européen deux impressions à première vue contradictoires : le dépaysement et l'enracinement. Dépaysement parce qu'on le fait beaucoup naviguer entre Caraïbes et Amérique du Sud ; enracinement parce que les dimensions culturelles et historiques de la vieille Europe sont constamment présentes et agissantes. Cette “double appartenance” concerne bien sûr d'autres écrivains latino-américains ; mais il me semble que nul autant qu'Alejo Carpentier ne l'a portée à ce point de fusion. 

Grand écrivain, décidément.

– Avant-hier, apparemment, un habitant d'une cité d'Évry a tiré à plusieurs reprises sur une adolescente, l'envoyant à l'hôpital. Réaction du professeur Cingal ? Celle-ci : « Quand va-t-on se décider à interdire CNews, Reconquête et toutes les autres usines à haine et à fascisme ? » Quelques jours plus tôt, le même professeur réclamait que l'on bâillonnât d'urgence Éric Zemmour et je ne sais plus qui d'autre. Il va avoir du mal à descendre plus profond dans l'abjection morale, ce brave Guillaume. Heureusement qu'il fait tout cela au nom de l'antifascisme, sinon il serait parfaitement répugnant. Alors que, là, c'est évidemment admirable.

Il n'empêche : on sent bien que, si un jour les circonstances s'y prêtent, il fera un excellent Boudarel. Excellent et enthousiaste.


Samedi 31

Dix heures. – Il y a une semaine ou deux, nous avions vu un film intitulé À couteaux tirés (et non Couteaux tirés, comme l'ont mutilé les imbéciles de Netflisque) : histoire plaisamment loufoque, et classique en même temps, centrée autour d'un détective surdoué dans le genre d'Hercule Poirot, interprété par Daniel Craig. Scénario solide, excellents acteurs, mise en scène rapide et efficace : un bon moment, quoique sans crier au génie non plus.

Hier soir, nous avons regardé la nouvelle enquête de Benoit Blanc (c'est le nom du détective sus-évoqué), intitulée Glass Onion : grosse déception. Le film est beaucoup trop long – près de deux heures et demie –, insupportablement bavard, m'as-tu-vu, chichiteux. Les acteurs, y compris Daniel Craig et Edward Norton, oscillent entre l'insipide et le médiocre, le scénario est inutilement tarabiscoté et, à la fin, sombre dans le n'importe quoi. Et je me demande encore, la nuit ayant passé, comment la Miss Élodie a fait pour trouver le second film meilleur que le premier, quand je l'ai jugé, moi, plus qu'à demi raté.

Heureusement, dès ce matin, je suis reparti pour Cuba à la suite d'Alejo Carpentier, avec qui je vais terminer ce mois et cette année ; et il y a pire façon de le faire.
 
Trois heures. – Est-il besoin de préciser qu'aucun “réveillon” n'a été prévu ici ce soir ? C'eût-il été le cas qu'il serait d'ores et déjà annulé, Catherine étant plus qu'à demi malade depuis ce matin. Ou, disons : assez fortement “barbouillée”. Je suis donc bien parti pour passer seul cette ultime soirée, ce qui devrait la faire aussi peu longue qu'animée…

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